LES BESOINS NUTRITIFS DU CHEVAL AU PRÉ

Quand le cheval est au box, son alimentation est assez simple à gérer, très documentée et connu de tous. Mais comment s’adapter quand vous avez fait le choix de laisser votre équidé au pré ? Quels sont les besoins majeurs à combler ? Quels sont les facteurs de risque à surveiller de près ?

Quelle alimentation pour le cheval de pré ?

Tout d’abord, le cheval est un herbivore, il a besoin de brouter une bonne partie de la journée. Pour un cheval en liberté constante, on estime qu’il passe 60% de son temps à s’alimenter, 20 à 30% à se reposer et globalement le reste de son temps à se déplacer. L’objectif de son propriétaire devrait être de vouloir se rapprocher de ce budget temps naturel. Le cheval a aussi besoin d’une alimentation équilibrée mais surtout adaptée à son activité, la ration apportée en plus (ou non) de l’apport nutritif au pré, doit couvrir les besoins nécessaires à l’entretien et au travail du cheval. Enfin, en plus de l’apport nutritif, le volume ingéré doit être suffisant afin d’assurer un correct transit intestinal.

Comprendre les besoins énergétiques du cheval :

Il faut commencer par définir les besoins d’entretien, qui correspondent aux dépenses de l’organisme pour maintenir l’animal en vie pour les fonctions vitales : respiration, déplacements, circulation sanguine, digestion etc. Ces besoins augmentent avec le poids et la taille du cheval. Ensuite, il existe les besoins de production, qui sont liés à la nature et l’intensité de la production : croissance, travail musculaire, gestation, production laitière etc. Il faut aussi tenir compte de la race, du sexe, du tempérament, de l’activité et du climat ainsi que de l’état général du cheval et son comportement alimentaire.

Ces deux types de besoins sont comblés de deux façons :

–      Par l’apport énergétique qui permet le fonctionnement de l’organisme, notamment le travail musculaire, l’élaboration des tissus. Il est exprimé en UFC, un UFC correspondant à la valeur énergétique nette d’un kilogramme d’orge soit 2 250 Kcal.

–      Par l’apport protéique : les protéines représentent des constituants très importants de l’organisme, elles sont apportées via la digestion sous forme d’acide aminés et certains d’entre eux sont indispensables et ne peuvent être apportés que par l’alimentation, comme la lysine par exemple.

L’importance des minéraux :

De plus, les besoins en minéraux du cheval au pré ne doivent pas être négligés ! En effet, le calcium et le phosphore sont importants pour le développement du squelette et la contraction musculaire. L’équilibre entre ces deux minéraux doit être conservé afin d’éviter tout type de pathologie. Les apports en sodium doivent aussi être surveillés, surtout pour les chevaux de sport, une pierre à sel doit donc être constamment à disposition du cheval et ce même si votre animal est la majorité de son temps dans son pré.

Les besoins en eau :

Bien évidemment, l’eau est un facteur indispensable, comme pour tout animal. Son apport est permis par l’eau contenue dans les aliments mais aussi par l’eau de boisson. La présence d’un abreuvoir propre, plein et à l’ombre en cas de forte chaleur est nécessaire. Un cheval peut boire de 20 à 60 litres d’eau par jour, selon son alimentation, la température, l’activité physique …

Autres facteurs essentiels :

Le cheval aime également ronger le bois, en particulier en automne. Auparavant, toutes les pâtures comprenaient des arbres et des haies. Les arbres permettaient aux chevaux de s’abriter en cas de pluie ou de fortes chaleurs, mais ils permettaient aussi aux animaux de ronger leur tronc. Maintenant, il y a beaucoup moins d’arbres au pré et il peut donc être intéressant de proposer aux chevaux des branches ou des petits troncs. Il faut absolument éviter les conifères et les espèces ornementales mais les arbres fruitiers, les frênes, les saules ou les noisetiers sont tout à fait adaptés à cette activité.
Les besoins en fibres sont parfois oubliés pour les chevaux en box mais normalement couverts pour les chevaux au pré. L’apport en fibres doit être suffisamment important pour le cheval (au moins 15% de la ration). En effet, les fibres stimulent le transit et permettent son équilibre, elles aussi régulent la longueur des dents, pour les prémolaires et les molaires. L’apport de fibres est donc très intéressant pour un cheval au pré.
De plus, l’entretien du pré est important pour nos chevaux. Le cheval trie ce qu’il broute, il ne mange pas toutes les plantes. Tout d’abord, il se dirige plutôt vers les couverts les plus hauts, pour satisfaire les besoins en matière sèches et MADC et ensuite ils se dirigent plutôt vers les couverts ras pour maximiser l’apport d’azote. Par ailleurs, le cheval piétine beaucoup ce qui appauvrit le sol, en terme de qualité, de quantité et de diversité. Il faut veiller à l’entretien des pâtures avec des traitements, des élagages et autres.
On estime qu’un hectare de prairie produit 8 tonnes de matières sèches, avec environ 30% de refus soit 5,6 tonnes de MS. La consommation d’un jument par jour est de 14 kg donc à l’année elle est de 5 tonnes. Le mythe selon lequel un cheval correspond à un hectare est donc vérifié mais uniquement dans le cas d’un pâturage au printemps et de la récolte de foin pour l’hiver, mais pas dans le cas d’un chargement à l’année. Les zones de refus sont du gâchis dans ce cas, des pâturages tournant pour un chargement à l’année pourrait être une solution.

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Pour les chevaux qui ont des besoins particuliers :

Type de cheval Conduite à tenir
Jument en gestation au pré La jument mobilise ses réserves pour la formation du foetus, peu importe son état corporel. Ces juments peuvent être nourries en complément avec des fourrages de qualité, cela suffit en saison chaude.
Jument au pré pendant l’allaitement La complémentation énergétique n’est pas nécessaire pendant la saison de pâturage si la quantité offerte est supérieure à 40kg de matière sèche/jour/jument
Chevaux et poney au repos, à la retraite, en travail léger Attention ! Ces animaux sont sujets à l’embonpoint, ils doivent être en général restreint au pâturage. Il faut donc leur limiter l’accès au printemps notamment, quand l’herbe est la plus riche. Les placer au paddock avec un fourrage pauvre et fibreux par exemple. L’objectif est de limiter les quantités et ralentir la vitesse d’ingestion.
Cheval au travail, actif Il faut calculer une ration complémentaire à leur apporter.

Pour élaborer une ration complémentaire, il faut savoir que les aliments sont composés d’eau et de matière sèche, elle-même composée de matière minérale et organique (glucides, lipides, protéines). Par exemple, l’herbe jeune contient 15 à 20% de matière sèche, plutôt 80% pour les céréales et aliments du commerce. Pour calculer une ration, on somme tous les apports alimentaires en kg de matière sèche, sans oublier l’apport en fibre indispensable (question moins primordiale pour un cheval au pré, l’apport en fibre est forcément assuré). Cependant, l’élaboration d’une ration est complexe, d’autant plus quand le cheval est au pré : on peut se faire aider par des logiciels spécialisés mais il est sage de faire appel à un vétérinaire.

Et pour mon cheval qui est au pré toute l’année ?

Une attention particulière doit être apportée pour les chevaux au pré en hiver, il faut donc prévoir au cheval une ration pour cette période de l’année. Dès l’automne, l’herbe commence à se faire rare au pré et elle perd sa valeur nutritive avec le froid. Pour les animaux au pré pendant tout l’hiver, il faut donc compléter leur ration avec un fourrage de bonne qualité comme du foin de prairie ou du foin de luzerne, de l’enrubannage ainsi qu’avec un complément concentré afin de compenser les besoins liés au froid. Ces besoins peuvent augmenter de 10% entre 0 et -10°C. Pour les chevaux à plusieurs au pré, on peut laisser une balle de foin à disposition pour compenser le manque d’herbe avec, en plus, un aliment riche en énergie et en matière grasse distribué tous les jours.
L’état corporel du cheval doit absolument être surveillé pendant l’hiver, c’est une préoccupation primordiale et il vaut mieux aborder l’hiver avec un cheval en légère surcharge pondérale due au printemps et son herbe grasse. Le fourrage doit représenter 60 à 100% de la ration et le concentré entre 10 et 40% de la ration, selon l’activité du cheval. Pour convertir une journée de pré d’herbe de printemps en hiver, il faut environ 10kg de foin de prairie ou 8kg de fourrage et 1kg, ou plus, de concentré. Des cures de minéraux peuvent être mises en place afin d’essayer d’éviter tout virus.
Vous avez désormais toutes les clés pour combler au mieux votre cheval et ainsi améliorer ses performances. N’oubliez pas de vous tourner vers votre vétérinaire pour toute question supplémentaire.

Pour plus d’informations sur l’alimentation du cheval de concours retrouvez l’article Comment améliorer la performance de mon cheval ?