Santé cheval : Entretenir la flore gastrique
L’alimentation du cheval est parfois un casse-tête pour certains propriétaires. En effet, la flore gastrique a un rôle primordial dans la digestion mais elle est fragile ! L’entretenir est donc indispensable. Après un été sec ou un hiver difficile, les chevaux perdent de l’état et doivent donc être entretenus en conséquence. Concernant la flore intestinale, on parle souvent de prébiotiques et de probiotiques. Nous allons donc étudier leur fonctionnement et leur intérêt.
Voyons tout d’abord le fonctionnement digestif du cheval
Pour commencer, il faut savoir que le cheval est un herbivore et qu’il est monogastrique, il ne possède qu’un seul estomac. Celui-ci est assez petit proportionnellement à la taille de l’animal. En revanche, le gros intestin est très développé et représente la quasi-totalité de la masse intestinale.
La digestion, comme chez les autres animaux, possède une phase que l’on appelle enzymatique mais chez le cheval, elle possède aussi une phase microbienne. C’est alors la flore gastrique qui entre en action et c’est cette phase qui va nous intéresser ici. Elle se passe à la fin du tube digestif ; dans le colon, le caecum et le rectum. Cette flore a pour rôle premier de dégrader les fibres. Le cheval, en tant qu’herbivore, consomme beaucoup de fibres et elles ne peuvent être dégradées lors de la phase enzymatique. Ces micro-organismes sont très sensibles aux conditions de leur environnement dans le tube digestif, qui est déterminé par l’alimentation de l’animal, d’où son importance.
L’importance des fibres
Les vétérinaires parlent très souvent du rôle primordial des fibres dans la ration d’un herbivore. Une ration pauvre en fibres et riche en concentrés est catastrophique pour la flore gastrique de l’animal. Elle engendre généralement une augmentation de l’acidité du chyle et donc du tube digestif. Cette acidité est une des grandes causes de la destruction des micro-organismes du gros intestin chez le cheval. En effet, pour digérer les concentrés, très présents dans ce type de ration, il faut beaucoup de sucs digestifs pour dégrader les céréales (maïs, avoine, orge etc) afin d’exploiter leurs nutriments. Ces sucs sont acides et font donc diminuer le pH dans le tube digestif. Le risque de pathologies liées à cette acidité est important.
La ration doit donc être constituée de fourrages de bonne qualité, riches en fibres, afin de conserver la flore et de la favoriser. Le pré peut aussi être une bonne chose, puisque l’herbe fraiche est riche en fibres et que le cheval va brouter toute la journée. Le tube digestif est adapté à une journée constituée de 15h d’alimentation, mettre son cheval en pâture le rapproche de son comportement naturel. Si la sortie est impossible, il est donc indispensable de fractionner les repas sur toute la journée, afin de ne pas surcharger le tube digestif et surtout la flore gastrique.
De plus, apporter des fibres en quantités suffisantes est indispensable. On considère que la ration doit être constituée de 15 à 18% de fibres, ce qui correspond à 1 à 1,5% en matière sèche d’aliment du poids vif de l’animal. Par exemple, pour un cheval de 500kg, on doit lui apporter entre 6kg et 9kg bruts de foin par jour.
Mais de quoi est constituée cette flore ?
La flore du gros intestin du cheval est constitué d’un ensemble de micro-organismes qui ont pour rôle premier de dégrader les fibres contenues dans le bol alimentaire. Ces micro-organismes ne représentent pas un danger pour l’animal mais ils lui sont indispensables à une bonne digestion, afin d’extraire les nutriments contenus dans le chyme.
Protozoaires | Au nombre de 104 à 105 par mL, on en dénombre 31 genres dans le tractus digestif équin. Ils ont un rôle dans la digestion des végétaux. |
Bactéries | Au nombre de 107 à 109 par mL, elles se trouvent principalement dans le caecum où elles colonisent les parois végétales. Elles sont capables d’utiliser la cellulose et l’ammoniac mais aussi l’amidon et les glucides restant dans le chyme. |
Champignons | Ils ont une grande capacité à dégrader la cellulose. (Principal constituant des « fibres », impossible à dégrader par les enzymes) |
Archaea | On en compte 105 cellules par mL environ. Ils jouent un rôle dans la production de méthane. |
Virus | Cette population est constituée de bactériophages (= qui mange les bactéries), on dénombre de 103 à 1011 phages par gramme de fèces. Ils joueraient un rôle dans la régulation de la population microbienne. |
Cette flore est très importante dans la digestion du cheval puisque sans elle, il ne peut extraire les nutriments présents dans son alimentation. La préserver et la favoriser est donc indispensable pour la bonne santé et la prise d’état d’un équidé.
Qu’est-ce qu’un prébiotique ?
Les prébiotiques sont des oligosaccharides et des polysaccharides à chaine courte. Pour simplifier, ce sont des sucres. Ces prébiotiques vont permettre aux bactéries de croitre plus rapidement puisqu’ils vont leur servir de base de croissance. Attention cependant, les prébiotiques permettent un développement supérieur à toutes les bactéries, même celles qui représentent d’éventuelles pathologies. C’est pourquoi, leur usage doit être conseillé et réfléchi !
Ces prébiotiques sont présents dans la nature ; dans les fruits, dans les légumes ainsi que dans le miel, mais sous une forme plus complexe. La digestion va donc devoir faire son travail et de petites quantités de prébiotiques vont être extraites puis exploitées par la suite. De plus, on peut trouver les prébiotiques pour chevaux dans le commerce, sous forme de poudre ou de granulés à ajouter à la ration habituelle.
Et maintenant, qu’est-ce qu’un probiotique ?
Il s’agit d’ensembles de bactéries qui ne sont pas à l’origine de pathologies, elles sont bénéfiques pour l’organisme. Le gros intestin du cheval, notamment, en est rempli naturellement. Leur rôle est très important puisqu’elles permettent l’assimilation des protéines, des vitamines et des minéraux. Elles ne sont pas utiles que dans la digestion mais également dans la régénération de la flore intestinale. Cette régénération est perpétuelle, elle ne s’arrête jamais, la flore se détruit petit à petit chaque jour et doit donc être reconstruite en conséquence. Elles permettent également de conserver un bon équilibre intestinal en régulant l’acidité gastrique, les diarrhées d’origine infectieuses ou les inflammations de tout type. Les probiotiques sont les clés d’une bonne santé et de l’équilibre de l’organisme. En effet, le système digestif a un grand rôle dans la lutte contre les bactéries à l’origine de pathologies, contre les virus, les champignons toxiques ou autres toxines. Comme nous l’avons vu plus haut, l’équilibre est fragile et doit donc être surveillé et entretenu. Des probiotiques sont vendus sur le marché mais la levure de bière peut aussi être utilisée pour l’entretien de la flore intestinale.
Comment mettre en place ces conseils pour l’alimentation de son cheval ?
Nous avons vu qu’une alimentation riche en fibres de bonne qualité est indispensable pour conserver un cheval en état, ceci associé à un bon équilibre de sa flore intestinale. Maintenir cet équilibre signifie qu’il faut nourrir ces micro-organismes à travers une ration équilibrée. Elle doit donc ne pas être trop riche en concentrés et en matière grasse, auquel on peut ajouter un aliment complémentaire pour la flore intestinale, de la levure de bière par exemple, comme vu au-dessus, ou bien le sénégrain (aussi appelé fenugrec). Ce sont deux solutions naturelles qui ont déjà su montrer leur efficacité à plusieurs reprises et qui sont assez simples à mettre en place. Elles permettent d’aider l’assimilation de la ration, sans plus.
Pour un cheval amaigri, après un été sec ou un hiver rude par exemple, il est totalement inutile de donner une ration plus riche. En effet, la flore intestinale est sans nul doute totalement affaiblie, donc elle ne pourra même pas assimiler la moitié de cette ration ! Il faut tout d’abord remettre en route l’ensemble des micro-organismes du gros intestin car sinon, la ration ne sera jamais exploitée, les aliments seront rejetés et le cheval restera faible. Aujourd’hui, la grande solution semble être l’orge germée. La mise en place est un peu compliquée mais cela fonctionne vraiment sur les chevaux amaigris. En effet, l’orge germée offre une ration appétente et fraiche. Le fait que la céréale soit germée permet une digestion moins complexe par la flore et la reprise d’état s’en suit généralement assez rapidement.
Vous avez maintenant les principales informations concernant le fonctionnement de la flore gastrique du cheval. Celle-ci est vraiment très importante pour l’état de santé de l’animal. Vous avez aussi entre les mains quelques conseils pour des chevaux amaigris. Une reprise d’état rapide est à surveiller. Si ce n’est pas le cas ou si vous avez un quelconque doute, n’hésitez pas à contacter un vétérinaire afin de répondre à vos interrogations.