L’IMPORTANCE DE LA FONCTION HÉPATIQUE CHEZ LE CHEVAL :

Chez le cheval, comme chez tous les mammifères, le foie et les reins sont les organes destinés à l’élimination. Cela signifie que leur fonction principale au sein de l’organisme, est d’éliminer les toxines qui s’accumulent. Ils ont donc un rôle crucial et l’atteinte d’un de ces organes peut rapidement devenir désastreuse. De cette façon, il devient capital de s’intéresser à leur fonctionnement pour ensuite réagir face aux pathologies les affectant, d’autant plus que le foie et les reins peuvent être mis à rude épreuve lorsque l’animal prend de l’âge, si son alimentation n’est pas adaptée, s’il est soumis à un effort intense mais aussi suite à un traitement médicamenteux lourd.

Chez le cheval, le foie est le second plus gros organe du corps, après la peau. Sa localisation entre le système digestif et le cœur est adaptée à ses fonctions métaboliques de production biliaire, de détoxification mais aussi de coagulation. Contrairement à nous, le cheval ne possède pas de vésicule biliaire, le foie est donc le lieu de fabrication et de stockage de la bile. Cette substance primordiale dans les processus de digestion est produite en continue et nécessite un stockage. Le foie a une large capacité de réserve tant que 20 à 30 % de l’organe reste fonctionnel.

Au sein de l’organisme, le foie exerce plusieurs fonctions majeures. Il fait barrière pour tout ce qui est absorbé par l’intestin. Tout passe par le foie avant d’aller dans la circulation générale. Cela concerne les nutriments, les toxines, les médicaments, les bactéries et les endotoxines (toxines contenues dans les bactéries). Le foie gère aussi les nutriments et les transforme. Par ailleurs, la fonction métabolique du foie est absolument primordiale. Il est au centre du métabolisme protéique en participant à la synthèse des protéines, à l’absorption des acides aminés essentiels, à la synthèse d’acides aminés et de l’urée mais aussi à la dégradation des protéines à des fins énergétiques. Le foie est aussi au centre du métabolisme glucidique en stockant du glucose sous forme de glycogène en cas d’abondance et en étant responsable de la synthèse de glucose à partir de glycogène et de la synthèse de lipides ou de protéines en cas de jeûne. De la même façon, il a une place capitale au sein du métabolisme lipidique. Quelle que soit la source trop abondante (lipidique, glucidique et même protéique), le foie transforme ces éléments pour un stockage hépatique et graisseux très efficace. Cette place centrale du foie au sein de ces trois métabolismes est la preuve de l’implication de cet organe dans les processus de digestion. Ses rôles sont différents en fonction de la période de digestion (entre les repas, pendant un repas et même pendant un jeûne) mais aussi en fonction de l’alimentation et de son équilibre.

L’élimination par le foie, un de ses rôles majeurs :

Le foie est en première ligne en ce qui concerne la gestion des toxines, ce qui explique qu’il soit particulièrement sujet à des lésions. C’est aussi le lieu de gestion des bactéries et des endotoxines. Le foie est composé d’un certain type de cellules (appelées les cellules de Kupffer) qui sont des macrophages et donc protègent l’organisme des endotoxines et des bactéries intestinales. C’est un des principaux organes d’élimination car, une fois que le sang sort du foie, il est dit « propre » sauf en cas d’endotoxémie majeure.

Pour finir, le foie a la capacité de transformer et donc de modifier les médicaments. Il ne faut absolument pas négliger cet aspect lors de l’administration d’un traitement car il existe un mécanisme à double tranchant qui peut aider mais aussi compliquer les principes actifs médicamenteux. Les vétérinaires parlent même d’un « effet premier passage » par le foie qui est valable uniquement si le médicament est donné par voie orale.

Que se passe-t-il lors d’un dysfonctionnement hépatique ?

Les affections hépatiques sont assez fréquentes chez les chevaux. Elles peuvent être aigües ou chroniques. Dans un premier temps, elles sont inapparentes cliniquement et peuvent être détectées rapidement seulement en cas de pathologies entrainant une augmentation des enzymes hépatiques ou des acides biliaires sanguins.

Lors d’insuffisance hépatique, les signes cliniques qui apparaissent réfèrent à une incapacité du foie à remplir ses fonctions physiologiques. Certaines fonctions peuvent être atteintes sans que les autres soient modifiées. Les signes cliniques peuvent être très variables, non spécifiques et dépendent de l’étendue et de la durée de la lésion. Quelle que soit la cause, une fois que des signes sont observables c’est que 80 % de la masse du foie est touchée ou qu’il y a une obstruction du canal biliaire, on a alors une insuffisance hépatique. Ces signes apparaissent souvent brutalement même si la dégradation est chronique.

Les premiers signes cliniques, souvent non spécifiques, sont un abattement, une anorexie, des coliques ou un amaigrissement (demande énergétique supérieure à l’énergie absorbée ou métabolisée). Les symptômes plus spécifiques sont l’ictère (coloration jaune anormale des tissus et particulièrement des muqueuses), l’encéphalopathie hépatique (pathologie entrainant l’inhibition de l’activité neuronale) et la photosensibilisation (pertes de poils et irritations de la peau).

Un vétérinaire peut réaliser un contrôle du bon fonctionnement hépatique par analyse sanguine (même si les résultats de cet examen sont difficiles à exploiter), par échographie ou par biopsie hépatique.

Les fonctions du rein, essentielles pour le bon fonctionnement de l’organisme :

Nous allons voir que les fonctions rénales font suite aux fonctions hépatiques, ces deux organes se relayant dans de nombreux processus organiques. En effet, les reins sont les principaux organes d’élimination des déchets (alimentaires ou métaboliques) d’un animal. On en compte deux au sein de l’organisme, un droit et un gauche, situés dans l’abdomen. Ils sont responsables de l’élimination de toxines mais aussi de certains médicaments. Les déchets, dissous par la flore digestive, sont filtrés par les reins puis rejetés dans l’urine pour être éliminés de l’organisme. Ils comprennent l’urée provenant du métabolisme protéique, les produits de dégradation d’hormones, la bilirubine liée à la dégradation des globules rouges, la créatinine provenant du métabolisme des cellules musculaires et l’acide urique lié à la dégradation des acides nucléiques (ADN et ARN).

Les reins ont aussi un rôle primordial en ce qui concerne la régulation de la volémie (volume sanguin total de l’organisme) car toute perte d’eau (urine, transpiration et respiration) doit être compensé par le gain. Le taux de filtration par les reins est modifié en fonction de l’état d’hydratation de l’animal. Par ailleurs, les reins participent au maintien de l’équilibre électrolytique, à la régulation de l’équilibre acido-basique, ils ont une fonction endocrine et un rôle métabolique. Plusieurs facteurs sont nécessaires au bon fonctionnement des reins. L’hydratation du cheval est primordial. Il est possible d’encourager la prise de boisson par l’alimentation mais aussi en mettant une pierre à sel à disposition de l’animal.

Et si les reins de mon cheval dysfonctionnent ?

Contrairement au foie, les reins ont une grande capacité de régénération, les pathologies rénales ont donc un fonctionnement différent des pathologies hépatiques. On parle d’insuffisance rénale dans les cas où les fonctions d’élimination des déchets, réalisées par les reins, sont altérées. Celles-ci peuvent être aigües ou chroniques.

Une insuffisance rénale aigüe (IRA) correspond à une diminution soudaine du taux de filtration glomérulaire. Elle a trois origines : pré-rénale s’il y a diminution de la perfusion rénale sans atteinte cellulaire associée, rénale en cas d’atteinte fonctionnelle du rein (plus de 70 % des néphrons sont atteints) ou post-rénale s’il y a un obstacle à l’écoulement de l’urine (obstruction ou rupture). Chez le cheval adulte, les insuffisances rénales aigües sont souvent d’origine pré-rénale ou rénale. Chez le poulain, les trois types sont rencontrés. Les signes prédominants sont la déshydratation (surtout si IRA pré-rénale), l’abattement, l’anorexie, l’hyperthermie (si pyélonéphrite) et la modification du volume urinaire. Une IRA peut aussi être à l’origine de diarrhée, de tachycardie, d’œdèmes périphériques, de fourbure, de colique ou d’encéphalopathie. Une IRA nécessite une prise en charge rapide.

Une insuffisance rénale chronique (IRC) correspond à un ensemble de signes dus à la destruction progressive et irréversible de plus de 70 % des néphrons. Les principaux signes cliniques sont l’amaigrissement chronique, la léthargie, l’inappétence, la polyuro-polydipsie (augmentation de la quantité d’eau bue par jour et de la quantité d’urines émises), les œdèmes déclives (abdomen, thorax, fourreau, extrémité des membres et face), l’haleine fétide et les ulcères buccaux. Pour l’IRC, les traitements sont principalement symptomatiques.

Le diagnostic de ces affections est réalisé par un vétérinaire et se fait par analyse urinaire, par analyse sanguine, par palpation transrectale, par échographie et par biopsie. La surveillance régulière de l’état général de votre cheval permettant de prendre en charge ces pathologies rapidement et peut faire gagner à votre vétérinaire de précieux jours pour soigner votre animal en cas de dysfonctionnement rénal.

Ainsi, le foie et les reins ont des rôles très complémentaires au sein de l’organisme. Leur fonction d’élimination fait d’eux la première cible des toxines et traitement médicamenteux inadapté. Ce sont donc des organes à ne pas oublier dans la gestion de la santé de votre cheval, et leur investigation par votre vétérinaire est un examen incontournable lors de pathologies généralisées.