Coproscopie cheval : tout ce que vous devez savoir sur cet examen indispensable

La coproscopie, ou coprologie, consiste à observer les crottins d‘un cheval à la recherche de larves et d’œufs de parasites. Chez le cheval, fréquemment infesté de vers digestifs, la coproscopie a de multiples utilités.

Qu’est-ce que la coproscopie cheval ?

Lors d’une coproscopie, un échantillon de crottin est prélevé et observé d’abord macroscopiquement puis microscopiquement, afin de repérer des larves ou des œufs de vers digestifs. Les œufs des vers vont subie une analyse, être comptés et observés : on peut aller déterminer quel type de parasite est présent chez le cheval testé et leur quantité ou nombre approximatif.

Le vétérinaire observe d’abord l’échantillon afin d’y repérer d’éventuels parasites de grande taille. Par la suite, avant d’observer et identifier les œufs au microscope, le vétérinaire doit séparer la matière fécale des œufs de parasites et peut, pour cela, utiliser plusieurs techniques (technique de flottaison, technique de sédimentation, méthode de MacMaster). Le résultat est exprimé en œufs par gramme de crottin ou OPG.

Il est recommandé de réaliser une coproscopie au moins une fois par an, de préférence l’été, pour s’informer de l’état parasitaire de l’animal. Une coproscopie peut être recommandé à toute période de l’année par le vétérinaire si des signes cliniques suggèrent une infection parasitaire. Suite à l’examen coproscopique, il peut être décidé de vermifuger ou non le cheval concerné.

Quel est le processus d’une coproscopie cheval ?

Environ trois ou quatre boules de crottin doivent être prélevées pour que l’échantillon soit représentatif de l’état des crottins de l’animal. Le prélèvement se fait préférentiellement juste après émission, pour éviter la contamination par les nématodes de l’environnement. Il faut placer l’échantillon en conditions anaérobies : au sein d’un emballage (un gant retourné ou un sac plastique par exemple), il faut chasser l’air présent et fermer consciencieusement. L’échantillon doit être analysé au plus vite, dans l’idéal dans les 24h. Au-delà, il doit être conservé au réfrigérateur et peut tenir 2 ou 3 jours. L’échantillon peut être analysé par un laboratoire spécialisé ou, plus fréquemment, par le vétérinaire traitant.

Quels types de parasites peuvent être identifiés par une coproscopie cheval ?

Le cheval peut présenter différents types de vers digestifs : les petits strongles (cyathostomes), les grands strongles, les ascaris, les tænias, les oxyures, les coccidies…

Ces vers n’excrètent pas forcément des œufs toute l’année. Certains types comme les strongles ont un relargage régulier tout au long de l’année, d’autres uniquement au printemps et à l’été.

Les œufs de strongles (petits et grands strongles) sont les plus fréquemment observés au sein des crottins, car leur relargage est régulier. Ce sont aussi ceux qui sont les plus pathogènes, et dont on va devoir limiter au maximum le nombre. Les œufs de tænias sont rarement observés car le relargage des œufs est irrégulier. Les tænias infestent pourtant fréquemment les chevaux. Les œufs des oxyures, quant à eux, se concentrent autour de la région anale du cheval et ne sont que peu excrétés dans les crottins.

Un cheval présentant des vers digestifs peut avoir plusieurs symptômes non spécifiques : amaigrissement, abattement, diarrhée, poil piqué… Certains vers sont bien tolérés alors que d’autres sont plus pathogènes, comme les coccidies par exemple, qui sont fréquemment responsables de diarrhées.

Quels sont les avantages d’une coproscopie cheval ?

La coprologie peut être utilisée pour un nouvel arrivant au sein d’une écurie, afin de connaître son statut parasitaire, à un instant t. Cela permet d’éviter d’intégrer un cheval excréteur au sein d’un cheptel et de contaminer les congénères et l’environnement. C’est également un outil utile lorsque l’on observe un amaigrissement ou de la diarrhée chez un cheval.

La coproscopie cheval aide-t-elle à vermifuger de façon raisonnée ?

Grâce à la coproscopie, le cheval peut être vermifugé uniquement lorsque c’est nécessaire. Le « statut excréteur » d’un cheval peut être déterminé en réalisant quatre coproscopies à chaque saison au cours d’un an.

Deux types de chevaux peuvent être distingués :

  • Les chevaux forts excréteurs : Ils sont peu nombreux, 20% des chevaux hébergent 80% des parasites. Un cheval est fort excréteur lorsqu’il a plus d’environ 200 œufs par gramme de crottin. Eux seuls doivent être vermifugés à chaque changement de saison.
  • Les chevaux faibles excréteurs : Ils arrivent à se débarrasser de la plupart des parasites par eux-mêmes, grâce à leur système immunitaire. Ils n’ont donc que peu d’œufs de vers au sein de leurs crottins et contaminent peu l’environnement. Seulement un à deux vermifuges par an (printemps, automne) suffisent.

Sous réserve qu’il garde les mêmes conditions de vie, un cheval garde aussi à priori le même statut excréteur tout au long de sa vie. Un faible pourcentage de chevaux n’a pas un statut excréteur stable et leur infestation varie d’année en année.

La vermifugation des forts excréteurs profite à tout le troupeau : ils contaminent moins la pâture, donc l’ensemble du groupe est moins infesté en parasites l’année suivante. En effet, 80% des formes parasitaires se trouvent dans l’environnement. La décontamination de la pâture est donc le but de la vermifugation, en rompant le cycle de vie des vers.

Chez les chevaux ayant un système immunitaire faible, la vermifugation raisonnée n’est pas la bonne option. Il est préférable de pratiquer la vermifugation systématique : vermifuger 3 à 4 fois par an sans coproscopie. Les chevaux concernés sont ceux de moins de 3 ans, de plus de 20 ans ou au système immunitaire défaillant.

La vermifugation raisonnée permet de limiter les résistances aux vermifuges : en vermifugant alors que cela n’est pas nécessaire, les souches de vers résistantes sont sélectionnées et vont se reproduire.

La coproscopie cheval permet-elle de cibler les vers ?

Du fait de ces phénomènes de résistance, certains vermifuges sont efficaces contre les ascaris et pas contre les strongles, ou vice versa. Une coprologie permet de déterminer les réels besoins en vermifuge, notamment chez le poulain par exemple. Ainsi, seuls les vers présents seront traités spécifiquement. Le but est d’éviter de sélectionner des vers résistants dès le plus jeune âge de l’animal.

La coproscopie cheval permet-elle de déterminer le taux de résistance des vers ?

Au-delà d’apporter des données à propos d’un individu, la coproscopie permet de faire un bilan parasitaire sur un effectif (élevage, écurie de grande ampleur). On peut déterminer la résistance des vers au vermifuge au sein d’une exploitation en réalisant une coproscopie avant et après vermifugation.

La coprologie cheval permet de tester l’efficacité d’un vermifuge naturel ?

De nombreux vermifuges naturels, alternatives aux vermifuges chimiques usuels, se vendent désormais sur le marché. Au vu de la diversité des produits proposés, la coproscopie permet de trancher sur ce qui est efficace sur un cheval donné, en réalisant un examen coproscopique avant et après vermifugation.

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Quelle est la signification des résultats d’une coproscopie cheval ?

Lorsque la coproscopie revient négative, il est difficile de conclure à une absence d’infestation en vers. Tout d’abord parce que certains types de vers parasites ne peuvent pas être détectés grâce à la coproscopie. Certains sont trop petits pour être observés au microscope.

D’autres ne sont simplement pas excrétés dans les crottins (gastérophiles, oxyures), ou alors de manière intermittente (tænias). L’hiver, les résultats des coproscopies sont souvent des « faux négatifs » pour les tænias : les œufs ne sont pas excrétés à cette période. Un échantillon de crottin sans parasites ne signifie donc pas toujours que le cheval est dénué de vers digestifs.

Il faut aussi garder à l’esprit que la vermifugation est un enjeu collectif : tous les chevaux d’un même lieu de vie doivent être traités. En effet, le but de la vermifugation est de limiter la contamination et de briser le cycle de vie des vers, ce qui ne peut pas fonctionner si les vermifuges sont distribués au cas par cas et non simultanément. Dans une telle situation, la coprologie est un outil inutile. Le cheval aura beau avoir un statut parasitaire très bien suivi, si tous ses congénères n’ont pas de même et que l’environnement est contaminé, il se recontaminera sans cesse avec de nouveaux types de vers.

La coproscopie est donc un outil complémentaire de la vermifugation. Utilisée ponctuellement, elle permet de décider s’il faut vermifuger ou non, ou bien de déterminer l’efficacité d’un vermifuge. En l’utilisant régulièrement sur un an, le « statut excréteur » peut être déterminé. On peut, par ce biais, améliorer la gestion du parasitisme au sein des pâtures et limiter les vers résistants en pratiquant la vermifugation raisonnée. Cependant, la coprologie a des limites : tous les vers ne sont pas détectables ni à toutes les périodes de l’année. Enfin, si l’on s’intéresse au parasitisme d’un troupeau, la gestion des vermifuges et des coprologies doit être collective et simultanée afin d’être efficace.

Dr Timothée Audouin, vétérinaire et consultant en e-santé animale.

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