HEADSHAKING DU CHEVAL : CAUSES ET TRAITEMENT
’Headshaking, également connu sous le terme d’encensement, est une pathologie du cheval caractérisée principalement par des mouvements de tête parasites, parfois violents. Mais que sait-on vraiment de cette maladie ?
Qu’est ce que le Headshaking ou encensement ?
L’headshaking est un mouvement de balancier brusque, intempestif et intensif de la tête. Le cheval secoue sa tête majoritairement selon un plan vertical, mais également horizontal voire de manière circulaire. Des frottements de nez, des ébrouements et un jetage nasal peuvent également être observés dans le syndrome d’encensement. D’apparition brutale, il ne semble pas être associé à un stimulus extérieur. Il peut être saisonnier, plus accru au printemps et en été. Il apparait davantage lors de l’exercice, bien que certains chevaux puissent encenser au repos, et est d’autant plus sévère que l’intensité et la durée augmentent.
Le headshaking apparait indépendamment de l’âge, de la race et du sexe (même si les hongres semblent y être plus sujets). Le tempérament de l’animal peut influencer la sévérité de la pathologie. L’encensement augmente lors de l’exercice, en général au bout de 5 à 10 minutes suite à la mise au travail. Il faut bien entendu différencier ce comportement pathologique d’un comportement normal destiné à chasser les insectes ou d’un comportement d’impatience par exemple.
Les cavaliers de chevaux encenseurs observent une détérioration de la relation homme-cheval et se plaignent de devoir restreindre certaines activités (difficulté de faire du dressage…). Cette pathologie peut même rendre le cheval dangereux pour son cavalier voire le rendre immontable et ou intouchable.
Cette perte d’utilisation du cheval entraine une diminution de la valeur commerciale de l’animal, pouvant même annuler une vente.
Un système de notation à cinq grades a été défini :
- grade 1 : le balancement est intermittent, les signes cliniques sont légers. Le cheval peut continuer à être monté ;
- grade 2 : les signes cliniques sont modérés et apparaissent sous certaines conditions bien définies. Le cheval reste montable malgré quelques difficultés ;
- grade 3 : le cheval est montable mais est difficile à contrôler, la monte est désagréable ;
- grade 4 : le cheval est inmontable et incontrôlable ;
- grade 5 : le cheval est dangereux, exprimant de nombreux comportements étranges.
Ce système doit être complémenté par des observations objectives réalisées par le vétérinaire.
Le diagnostic dépend de l’anamnèse et de l’observation du cheval dans les conditions supposées comme favorisant l’encensement. Un examen clinique associé à des examens complémentaires (radiographie…) est nécessaire.
Les causes du Headshaking
Les signes cliniques comportementaux du headshaking conduisent le diagnostic vers une douleur d’une partie de la tête. De nombreuses maladies peuvent donc être impliquées dans ce phénomène. Cependant dans la majorité des cas, aucune cause ne peut être mise en relation avec cette pathologie, on parlera alors d’encensement ou de headshaking idiopathique. Les causes de l’encensement restent encore aujourd’hui peu connues, visiblement très variées. Il existe malgré tout des hypothèses principales développées ci-dessous.
Stéréotypie ou intolérance à l’effort
Une stéréotypie est un comportement invariable sans fonction apparente, révélant un mal être. Certains comportement du headshaking font notamment penser aux stéréotypies souvent retrouvées chez les chevaux (hochement de tête…). Cependant dans la plupart des cas, une stéréotypie ne comprend qu’un seul mouvement inlassablement répété. Or dans le cas du headshaking, différents mouvements peuvent être répétés et il peut y avoir des signes cliniques non comportementaux tel que le jetage nasal, ce qui ne coïncide pas tout à fait avec une stéréotypie. De plus, ces signes cliniques sont plus ou moins exprimés pendant la journée, selon les saisons… ce qui contredit la répétition invariable de la stéréotypie. Enfin, alors que dans le cas d’une stéréotypie le comportement n’a aucune fonction, ici on peut supposer que l’encensement est réalisé dans le but de soulager une douleur faciale. On peut donc penser que l’encensement est un trouble comportemental, bien que différent d’une stéréotypie.
Une intolérance à l’effort peut également être supposée comme cause de l’encensement, l’exercice étant un facteur de risque important. Ces mouvements de balanciers auraient alors pour fonction de libérer les voies respiratoires comprimées par la position de l’encolure imposée par le cavalier. Cependant, de même que précédemment, l’encensement comprend un ensemble de signes non expliqué par cette hypothèse.
Une hypersensibilité
Cette hypothèse fait suite à la saisonnalité de l’encensement et aux signes comportementaux faisant penser à une irritation ou à une douleur faciale. Cette hypersensibilité pourrait être due à des allergènes présents dans l’air (du pollen, des spores…) provoquant une inflammation des voies respiratoire hautes ou des voies oculaires. Bien que très plausible, le diagnostic histologique ne confirme que très rarement cette hypothèse.
Une névralgie trigémiale
Cette potentielle cause suspecte l’implication du nerf trijumeau, un des douze nerfs crâniens. Ce nerf assure la sensibilité de la tête. Il se divise en trois branches innervant chacune un étage de la face : le nerf ophtalmique, le nerf maxillaire et le nerf mandibulaire (ce nerf est également moteur).
Cette hypothèse est aujourd’hui l’hypothèse prépondérante. Les signes cliniques coïncident, la réponse est positive à l’anesthésie locale. Seule la saisonnalité est en défaveur de cette hypothèse. Des facteurs agissant sur des zones particulières dites « trigger points » stimulerait ce nerf trijumeau, déclenchant alors l’encensement. La cause sous jacente reste un mystère.
Autres affections pouvant être la cause d’un encensement idiopathique
Diverses affections pourraient potentiellement expliquer un encensement idiopathique comme :
- des affections oculaires
- des affections auriculaires
- des affections digestives
- des affections respiratoire
- des affections myo-arthro-squelettique
- des affections du système nerveux
- des affections comportementales
Il faudra, parmi ces multiples causes, toujours se demander si la cause suspectée est l’origine de l’encensement ou en est la conséquence.
Comment traiter le Headshaking ?
Traiter l’affection mise en cause si elle existe
Si une affection engendrant un encensement est mise en évidence par le vétérinaire, il faudra traiter cette affection en premier lieu. Il conviendra à la fin du traitement de savoir si l’encensement a disparu. Une thérapie comportementale peut être envisageable si la cause connue a été traitée.
Dans le cas du headshaking idiopathique, divers traitements peuvent être tentés et sont détaillés ci dessous. Ces traitements sont plus ou moins efficace. Ils ont un coût d’autant plus important que cette pathologie est chronique. Attention à vérifier la bonne compatibilité avec la sortie en compétition.
Bien gérer l’environnement
Selon les conditions environnementales, l’encensement peut être plus ou moins marqué. Lorsqu’on sait que telle ou telle condition augmente la sévérité des signes cliniques, le cavalier peut être amené à adapter le planning de sortie du cheval selon cette condition environnementale. Par exemple, si le cheval encense davantage lorsque la luminosité est forte, le cavalier peut travailler son cheval lorsque la luminosité est plus faible (tot le matin, tard le soir…), en manège…
Mettre un filet de nez
Cette technique, fréquemment utilisée, diminue voire supprime le headshaking du cheval. Il semble que cette technique soit la plus efficace. Le maillage du filet peut varier, de même que la surface couverte par le filet bien qu’aucune différence thérapeutique ne semble exister. Malgré tout, un temps d’adaptation du cheval peut être nécessaire.
Utiliser un masque facial
Le masque facial peut également réduire les signes cliniques d’headshaking en réduisant l’agacement face aux insectes, la luminosité et l’exposition aux allergènes. Attention, en réduisant l’intensité lumineuse, il peut aggraver les signes cliniques en cas d’affection touchant la vision. Un masque plus spécifique protégeant davantage des rayons lumineux pourra aider sur des sujets sensibles à la lumière ou dont les signes sont d’autant plus sévères que l’ensoleillement est élevé.
Ne plus utiliser de mors
Cette méthode peut être utilisée lorsque l’encensent est accru à l’exercice et avec la présence du mors.
Traitements médicaux
Administrer des antihistaminiques
Sachant que l’hypersensibilité est une hypothèse très probable, des antihistaminiques peuvent être prescrits par le vétérinaire. Ils peuvent parfois améliorer les signes cliniques.
Prescription de carbamazépine
Cette molécule fonctionne plutôt bien dans la traitement de l’encensement idiopathique causé par la névralgie trigéminale. Il est conseillé de mettre en place un suivi sérologique.
Traitements chirurgicaux
Ces traitements, listés ci dessous, sont à envisager en dernier recours, suite aux échecs thérapeutiques des traitements évoqués précédemment.
- La sclérose bilatérale du nerf nasal caudal
- La névrectomie bilatérale infra-orbitaire
- La compression caudale du nerf infra-orbitaire
- Trachéostomie
Les chirurgiens doivent avoir des compétences particulières. Il y a peu de données sur l’efficacité de ces traitements qui semble aléatoire.
Autres techniques alternatives
Des suppléments alimentaires, de l’homéopathie, la thérapie magnétique ou l’acupuncture sont des méthodes thérapeutiques alternatives dont l’efficacité n’est pas reconnue mais qui n’ont aucun effets indésirables. Il peut donc être intéressant de les utiliser pour certains chevaux.
Souvent lié à des douleurs, l’encensement pose la question du bien être animal. Cela peut amener le cheval à être dangereux. L’euthanasie doit être envisagée dans les cas les plus extrêmes.
Votre vétérinaire reste la personne la plus à même de vous conseiller dans le diagnostic et la mise en place du traitement de cette pathologie, alors n’hésitez pas à lui en parler.