Les besoins nutritionnels du cheval au travail
La majorité des chevaux du cheptel équin français sont des chevaux de sport et de loisir. Les activités étant très variées, la gestion de l’alimentation représente un point crucial chez le cheval, celle-ci devant être adaptée aux besoins nutritionnels et au mode de vie de chaque individu.
Tout d’abord, il faut comprendre qu’il existe chez le cheval plusieurs types de besoins :
- Le besoin énergétique d’entretien est le besoin nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme de l’animal au repos sans aucune autre activité physiologique comme la lactation, la gestation… Il est exprimé en UFC par cheval et par jour. Pour rappel, l’UFC (Unité Fourragère Cheval) correspond à la valeur énergétique nette d’un kilogramme d’orge. Il dépend notamment des caractéristiques intrinsèques du cheval (son poids, sa taille…) ainsi que de son type d’activité (galopeur, trotteur, cheval de CSO…).
- On y ajoute le besoin de production qui correspond au besoin nécessaire à toute production quelle qu’elle soit, que ce soit lié à la lactation, à la gestation, à la croissance mais également au travail imposé au cheval. On appellera donc ce besoin imposé par le travail le besoin énergétique de travail. Celui-ci est calculé en fonction de la durée et de l’intensité du travail. Il faudra donc distinguer les chevaux de selle, des chevaux de courses ou de traits (peu évoqués dans cet article).
Ainsi, pour un cheval au travail, l’alimentation devra satisfaire la somme des besoins d’entretien et des besoins énergétiques de travail.
De quoi a réellement besoin mon cheval ?
Les besoins du cheval de selle sont détaillés ci après. Pour un cheval de course, vous pouvez vous référer au tableau 7 ci-dessous.
D’énergie
L’énergie est exprimée en UFC par cheval et par jour. Cet apport énergétique est en partie utilisé par les tissus périphériques, comme par exemple les muscles, d’où son importance pour assurer le bon fonctionnement du corps. Cette énergie provient des nutriments issus de la digestion et des réserves corporelles. Pour le cheval au travail, la part principale de l’énergie est fournie par les glucides. Les acides gras volatils issus de la digestion microbienne fournissent également une grande part. Enfin, les acides aminés finissent de combler le besoin énergétique.
Comme vu précédemment, pour calculer le besoin en UFC d’un cheval au travail, il faut additionner le besoin d’entretien et le besoin énergétique de travail. Pour vous donner une idée, cela est résumé dans les tableaux suivants :
Besoin énergétique d’entretien du cheval de selle | |||
Poids du cheval |
500 kg |
550 kg |
600 kg |
Entretien (UFC) |
4,1 |
4,5 |
4,8 |
On peut étendre le besoin d’entretien à d’autres poids en ajoutant ou en retirant 0,3 UFC par tranche de 50kg de poids vif. Pour un étalon, il faut ajouter 0,4 à 0,5 UFC
Besoin énergétique de travail du cheval de selle
UFC supplémentaire / heure |
|
Travail très léger |
+ 0,5 |
Travail léger |
+ 0,5-1 |
Travail moyen |
+ 2-3 |
Travail intense |
+ 4 |
Travail très intense |
+ 5 |
Lors d’une journée de repos hebdomadaire, il est recommandé d’augmenter la proportion de fourrages.
De protéines
Les protéines représentent la majeure partie de la matière azotée de l’organisme. Cet apport azoté se révèle indispensable au bon fonctionnement de l’organisme. Le système MADC (Matière azotée Digestible Cheval) correspond à la quantité d’acides aminés apportée par chaque aliment et tient compte de la complexité du fonctionnement azoté chez le cheval. Ce système permet d’exprimer l’apport azoté nécessaire au cheval. De plus, certains acides aminés dits acides aminés essentiels (comme la lysine) ne peuvent être synthétisés par le cheval et doivent donc lui être apportés par l’alimentation.
Le tableau suivant permet de vous aider quant à la quantité de MADC nécessaire au cheval :
500 kg |
550 kg |
600kg |
|
Entretien |
295 |
340 |
420 |
Travail très léger |
480 |
500 |
570 |
Travail moyen |
550 |
570 |
630 |
Travail intense |
620 |
640 |
690 |
Pour un étalon, il faut ajouter 25 g à ces valeurs.
On peut étendre le besoin azoté à d’autres poids en ajoutant ou en retirant 20g de MADC par tranche de 50kg de poids vif.
De fibres
De nombreuses fermentations ont lieu dans le caecum et le colon. Afin d’assurer leur fonctionnement optimal, il est nécessaire que la ration contienne du lest. La ration doit donc être composée de 15 à 17% de cellulose brute. L’apport de fourrage sera donc toujours à privilégier. De plus, les fibres ralentissent la prise alimentaire, occupent le cheval et permettent l’usure des dents.
Les chevaux de sport ont cependant un besoin en fourrage plus faible nécessitant davantage une alimentation énergétique, à contrario des chevaux moins sportifs.
pourcentage de fourrage nécessaire dans la ration selon l’activité du cheval
Type de cheval |
% de fourrage nécessaire |
Cheval de loisir/sport |
50-60% |
Cheval de course / cheval de haute compétition |
30-40 % |
De minéraux
Les minéraux sont apportés par l’aliment en quantité variable mais souvent de manière insuffisante ou déséquilibrée. Il existe les macroéléments (calcium, le phosphore…) ainsi que les oligoéléments (fer, le cuivre, le zinc…). Ils ont de nombreux rôles (structural, métabolique…); Attention, il existe cependant des limites maximales de tolérance à ne pas dépasser.
Les minéraux les plus importants sont le calcium et le phosphore. La formation osseuse et le dépôt de calcium est favorisé par l’exercice. Il convient de maintenir un rapport Ca/P compris entre 1,5 et 1,8. Pour calculer le besoin en calcium et phosphore, les calculs suivants peuvent vous aider :
Besoins du cheval en calcium et phosphore
Calcium | Phosphore | |||
Formule |
Ca (en g) pour un cheval de 500 kg |
Formule |
P (en g) pour un cheval de 500 kg |
|
Entretien | 0,04 g Ca * PV kg |
20 |
0,028 g P* PV kg |
14 |
Travail léger | 0,06 g Ca * PV kg |
30 |
0,038 g P* PV kg |
19 |
Travail moyen | 0,07 g Ca * PV kg |
35 |
0,042 g P* PV kg |
21 |
Travail intense | 0,08 g Ca * PV kg |
40 |
0,058 g P* PV kg |
29 |
De vitamines
Les vitamines sont indispensables au métabolisme du cheval. Les vitamines majeures sont les vitamines A, D et E.
D’eau
Les besoins hydriques du cheval sont d’environ 20 à 80 litres par jour et dépendent du poids de l’animal, du climat, de l’intensité du travail qui induit une transpiration importante, du régime alimentaire (une ration plus sèche induit un besoin plus important) et du statut physiologique de l’animal. Cet apport provient de l’eau contenue dans les aliments (les fourrages contiennent plus d’eau que les concentrés) et est complémentée par l’eau de boisson. Lors de la mise au travail, la consommation d’eau augmente.
Tableau 6 : Besoins estimés en eau (source Inra) pour une température de 20°C
Kg eau totale / 100 kg PV |
Kg eau totale / jour |
Régime alimentaire |
|
Entretien |
5,0-6,0 |
24-32 |
Foin |
Travail moyen |
8,0-8,5 |
40-45 |
Foin + concentrés |
Pour une température de 30°, les besoins estimés ci dessus sont doublés. |
Le cheval a besoin d’une eau propre, de qualité, respectant certaines normes concernant le pH, la concentration en fer, ammonium… L’idéal est qu’elle soit distribuée à volonté sinon il faut en distribuer autour des repas. En effet, le cheval est un animal qui sécrète beaucoup de salive ce qui peut provoquer une déshydratation post prandiale. Ces importantes pertes sont recouvrées en deux heures d’où l’importance d’éviter de faire travailler un cheval durant ces deux heures post prandiales.
Pour plus d’informations sur l’alimentation du cheval de concours retrouvez l’article Les besoins nutritifs du cheval de pré